J'ai la chance d'avoir une triple identité : Française d'Algérie, Française de France, Française établie hors de France.
Une Française d'Algérie
Enfant pendant la Guerre d'Algérie, j'ai retenu des leçons qui ont marqué mon engagement politique. Ayant vu la mort à l'œuvre lors de cette terrible expérience qu'on appelle « la guerre », je déteste la guerre parce qu'elle chosifie l'individu. Je me rappelle la voix de mon père qui critiquait les violations des Droits de l'Homme, bien qu'il n'ait jamais été militant d'aucun parti, sinon celui de la condition humaine. Enfin, quand, lors des journaux télévisés, je vois des réfugiés, avant même d'avoir une compassion idéologique, je ressens une compassion intime. Un jour, sur le quai du port d'Oran dont les citernes d'essence avaient été incendiées par l'OAS, moi aussi, j'ai été une réfugiée, petite fille tenant la main de sa mère flanquée d'une méchante valise en carton.
Une Française de France
De l'autre côté de la Méditerranée, mes parents et moi, nous nous sommes installés à Marseille. Ce sont les années noires où il n'y avait que des pommes de terre et du pain pour se nourrir. Pour s'évader du rude quotidien, je dévorais les livres des bibliothèques. Très vite, j'ai découvert une autre voie : Autrui . De 13 à 18 ans, j'ai été volontaire bénévole tous les dimanches après-midi pour apporter un soutien à des enfants encore plus défavorisés que moi. Boursière, je suis un pur produit de l'école de la République. J'y ai fait des études solides. J'ai aussi obtenu la mention spéciale au Grand Prix de Poésie de la Ville de Marseille. Mes professeurs voulaient que je fasse Normale Sup. J'étais intéressée par la défense de ceux qui n'ont pas de voix. Mariée jeune à un idéaliste comme moi, j'ai poursuivi mes études : une maîtrise en Droit public, une maîtrise de Littérature Comparée, un diplôme de Relations Internationales de l'Institut du Droit de la Paix et du Développement. Passionnée de droit administratif, de droit constitutionnel, de droit européen et de droit budgétaire, je me suis dirigée vers une carrière de professeur de droit administratif à l'Université de Nice, ville que j'habitais depuis mon mariage et où deux de mes trois enfants sont nés.
Ma vie bifurque de nouveau en 1978. Un attentat antisémite est perpétré à Nice par l'extrême-droite contre un jardin d'enfants de la communauté juive. Ni Isie, mon époux, ni moi, nous n'accepterons l'attitude des Autorités préfectorales de l'époque qui imposèrent un black-out tant dans les médias qu'aux responsables de la communauté juive de Nice. Cet attentat antisémite réveilla de douloureux souvenirs familiaux, ceux où le grand-père de mon époux fut arrêté à Nice par la police française et envoyé au camp de Drancy, puis à Auschwitz dont il ne revint pas. Notre petite famille décide alors, en 1979, de tenter la vie hors de l'Hexagone.
Une Française établie hors de France
Pour moi qui ai été élevée dans l'amour de la France et l'idée de la suprématie de la culture et de la langue françaises, le défi de la vie hors de France devait être relevé. Notre petite famille fera face à toutes les difficultés de l'intégration, linguistiques, professionnelles et culturelles. Nous élevons nos trois enfants (un troisième est né) et, en vraie militante de la francophonie, je leur ai enseigné le français car il n'y avait alors qu'une école française d'Ambassade à Tel Aviv.
Une femme engagée
En 1991, je suis allée voter pour les élections des Délégués des Français de l'Etranger au Conseil Supérieur des Français de l'Etranger (aujourd'hui les Conseillers des Français de l'Etranger à l'Assemblée des Français de l'Etranger). Je suis sortie déterminée de l'isoloir. J'ai décidé de mettre mes compétences au service de celui qui serait un futur bon candidat. Il fallait dans un premier temps créer une structure.
Une femme de terrain
1992 sera un moment fort. Avec quelques amis – Madeleine, Ariella, Dov, Lucien, Marcel et Isie -, j'ai créé l'ADFI, (l'Association Démocratique des Français d'Israël), la Section ADFE en Israël. Nul ne souhaitant se lancer dans l'aventure, j'en serai nommée présidente, puis réélue à ce poste jusqu'en 2006. C'est à cette association que les Français d'Israël doivent toutes les avancées dont ils bénéficient encore actuellement. Quelques exemples : la création du poste d'assistant social au Consulat de Tel Aviv, du Comité Consulaire d'Emploi et de Formation Professionnelle, de l'Antenne Emploi, de deux programmes FLAM, de 19 « Espaces Francophones » (le vingtième est prévu avant l'été 2011) dans les bibliothèques municipales d'Israël. En 1993, nous avons créé le mensuel de l'ADFI, intitulé aujourd'hui « ADFI-Infos ».
A la Fédération des Français de l'Etranger
En 1992, j'ai créé la Section PS-Israël qui essaimera plus tard en plusieurs Sections (Tel-Aviv, Jérusalem, Haïfa et Beer-Sheva). De 1994 à 2000, j'ai été membre du Bureau Fédéral en charge de la Francophonie, puis de la Formation. Depuis 2005, je suis membre du Conseil Fédéral.
A l'Assemblée des Français de l'Etranger
En 2000, la liste que j'ai menée a obtenu 2 sièges sur 3. J'ai été parmi les 25 membres qui ont, à la Commission de la Réforme du CSFE (2000-2003), travaillé pour plus de démocratie dans cette Assemblée. En 2006, la liste dont j'étais chef de file, a remporté 3 sièges de Conseillers à l'AFE sur 4.
Pour défendre les Français établis hors de France, j'ai déposé 39 questions orales ou écrites, vœux et motions. Avec une moyenne de 2 interventions par jour, je suis intervenue environ près de 5300 fois en faveur des Français de ma circonscription auprès des différentes administrations. J'ai aidé à ce jour plus de 2400 familles lors de mes permanences mensuelles.
En 2009, j'ai été élue Vice-présidente de la Commission des Lois et Règlements de l'AFE. Simultanément, j'ai été élue Vice-présidente suppléante de Jean-Yves Leconte, candidat aux élections sénatoriales de septembre 2011. Intégrité et gestion des fonds publics Soucieuse d'une gestion scrupuleuse des fonds publics, j'ai toujours lu avec minutie les documents budgétaires qui me sont envoyés, ce qui m'a permis à deux reprises d'intervenir pour faire rétablir une plus saine gestion budgétaire.
Mes liens avec la 8 ème circonscription (Chypre, Grèce, Italie, Israël, Malte, Saint- Siège , San Marino, Turquie)
Mon histoire personnelle s'est jusqu'ici déroulée autour de la Méditerranée, « la mer violette » chantée par Homère. Née à Oran, élevée à Marseille, j'ai étudié à Nice, je réside et travaille à Tel-Aviv.
J'ai visité Chypre en 1968, la Grèce et la Turquie en 1974, l'Italie à maintes reprises, y compris le Saint-Siège et San Marino. J'avoue ne pas avoir déjà visité Malte. Je vis depuis 31 ans en Israël.
J'ai étudié le latin et le grec ancien. J'ai écrit un roman historique « La Vipère d'Azur », paru aux éditions Calmann-Lévy, en 1988, sur Giangaleazzo Visconti, duc de Milan au 14 ème siècle.
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